Mathieu Froidure, un homme qui donne à voir tout l’horizon du Web

De l’arbre généalogique de Mathieu Froidure ont poussé des générations entrepreneurs. Lui-même est un dirigeant de société comme la région en compte tant, paratgeant son temps entre ses bureaux d’Urbilog à Roubaix, des déplacements incessants à Paris, et Lille. Mais le regard que ce technophile porte sur son métier lui confère une place à part... "Dans quelques jours, il partira pour la côte atlantique. Parenthèse dans une vie de boulot intense, il va faire du bateau. Il le barre à l’oreille, au vent sur sa peau. Pas à la vue, mais la technique lui autorise tant de choses qui, il y a quelques années, lui auraient été interdites.

Avec parfois un peu d’aide, Mathieu Froidure a toujours su avancer.


« Quand on parle de numérique, tout le monde pense au handicap visuel. Pour la vie de tous les jours, au handicap physique. Mais si l’on œuvre pour l’accessibilité, tout le monde en profite. » Cette accessibilité, il en a fait son métier quand il a rejoint Benoît Thieffry et Michel Hoël dans l’aventure d’Urbilog. L’un était gestionnaire, l’autre fondu d’informatique. Avec Mathieu Froidure, ils ont fait prospérer Urbilog, devenu leader dans l’adaptation du web et des logiciels aux déficients visuels.

« Pendant des années, on a pensé que l’accessibilité, c’était des sites en texte. Mais on fait des sites très accessibles et visuels car l’accessibilité.Oui, on peut créer une page Internet avec Word, mais le code, c’est n’importe quoi. Il faut respecter des standards pour pouvoir se connecter à des outils d’assistance comme une tablette braille, de la synthèse vocale… Aujourd’hui, un aveugle peut lire sur un iPhone ! »

Mathieu Froidure sait de quoi il parle. À 6 ans, on a diagnostiqué sa rétinite pigmentaire. « Mes parents pensaient que j’étais fainéant car je ne lisais pas les plaques d’immatriculation… Un professeur de médecine m’a dit que je serais aveugle à 40 ans. Il avait raison ! Le dernier bouquin que j’ai lu, c’était en terminale à St Jude fin des années 80. » Ses examens, il les passera à l’oral. « Tant que l’on n’accepte pas son handicap, on a un problème de relations avec les autres. En 2003, après m’être pris un poteau sur un cheminement que je connaissais, je me suis résolu à prendre ma canne blanche. Elle m’a libéré l’esprit, une vraie révolution. Et aujourd’hui, je suis celui qui voyage le plus dans l’entreprise. » De ce handicap, il a fait un atout. « Je suis le meilleur représentant de ma société ! C’est vrai que le client ne peut pas ignorer que je sais de quoi je parle. Je ne suis pas du genre à vendre un aspirateur à quelqu’un qui n’en a pas besoin. Mais cela m’aide dans mes argumentaires ! »

« On se met des barrières à soi-même », constate Mathieu Froidure, qui a su dépasser les difficultés « avec volonté et ténacité ». Dans la rue, « il m’arrive de demander de l’aide à dix personnes dans la journée. Au bout de toutes ces années, je ne dis pas que j’ai rempli le Grand Stade, mais cela fait du monde ! » Permettre à ceux qui ont perdu la vue de s’ouvrir au monde du web, c’est une forme de reconnaissance."