Au coeur de son « jardin respectueux » pousse aussi la petite fleur du carnaval

À Cognac, en Charente, où il réside aujourd'hui, il est architecte paysager, passionné de verdure, et animateur d'un « jardin respectueux », adossé à un château hôtel-restaurant que tient son épouse, Céline. Mais à Dunkerque, il est... Gigi la Girafe ! Rexpoëdois de naissance, Rémi Marcotte a le carnaval inscrit dans les gènes. Et forcément, pour les Trois Joyeuses, il sera là. "Rarement on a vu girafe aussi singulière. Déjà, elle hiberne à l'envers : toute l'année au repos (relatif, on le verra), elle sort l'hiver et se fait appeler Gigi. Repérable à son long cou, évidemment, elle se déplace en petits groupes dans des contrées d'ordinaire inhospitalières pour les ongulés de son espèce. Mais elle tient le coup, cette girafe. Malmenée, parfois, dans de joyeux rigodons où se mêlent des animaux à plumes d'une arche de Noé revisitée, elle retombe toujours sur ses pattes, un peu comme sa lointaine cousine, la caoutchoutée et couinante Sophie, habituée à être malaxée, mordue, projetée par des générations de minots de 0 à 2 ans. Sophie et Gigi, même combat. Mais c'est une autre histoire.

Rémi Marcotte en «Gigi la girafe» à la bande de Malo, en 2008.


Singulière, donc, disions-nous. Car quand elle ne fait pas carnaval, notre Gigi redevient Rémi. Plus de long cou, mais le cheveu un peu fou et en guise de savane, un jardin extraordinaire, au coeur de la Charente, près de Cognac. C'est là, en contrebas du Château de l'Yeuse - un bel hôtel XIXe siècle -, que Rémi Marcotte, architecte paysager de 33 ans, bichonne son « jardin respectueux », un havre de deux hectares où la nature, sous son oeil bienveillant, s'épanouit en toute harmonie.

L'heure de la piqûre

L'histoire de Rémi est un peu celle de tous les expat'. Après une scolarité dans le Nord (les Dunes à Dunkerque, Saint-Jude à Armentières), un BTS aménagement paysager décroché à Genech et une école d'architecte paysagiste en Belgique, le jeune Rexpoëdois se retrouve en stage en Charente. « C'était en 1999, j'étais parti après la tempête remettre un peu d'ordre dans le parc du château de l'Yeuse. Et là, le jardinier est tombé amoureux de la châtelaine ! », sourit Rémi. Fruit du hasard, Céline Desmazières est origine de Lille. La suite prend la forme, au fils des ans, d'une collaboration intelligente et fructueuse. « Céline dirige l'hôtel-restaurant et de mon côté, j'ai créé ma société Atelier Paysage de l'Yeuse, un bureau d'études qui oeuvre pour des collectivités locales. Le jardin du parc, ça, c'est ma passion, que j'assouvis en tant que bénévole au sein d'une association que l'on a créée et qui bénéficie d'aides européennes », poursuit Rémi, intarissable sur le concept qu'il développe : « La phytosociologie est une de mes sources d'inspiration, confie-t-il. Elle consiste à étudier les tendances naturelles de certaines plantes à se regrouper spontanément ou, au contraire, à s'exclure. » Pédagogue dans l'âme, Rémi invite régulièrement les scolaires à participer à son Jeu de l'oie grandeur nature au sein de son « Pote Âgé » de la Cagouille. Naturellement, les plantes et aromates qui y poussent viennent enrichir la carte du restaurant de Céline. « Elle vient d'ailleurs de décrocher un Bib Gourmand - une récompense attribuée par le guide Michelin - », précise-t-il avec fierté.

En 2010, Céline a organisé les Talents du Nord, en accueillant les oeuvres de trois artistes lilloises. « On avait sorti la pompe à bière et les frites ! », se souvient Rémi, qui n'a jamais cessé de consolider le lien avec ses racines. Dans quelques jours, ce sera l'heure, pour le couple, « de la piqûre ». Comprendre de la bande, ou plutôt des bandes pour les Trois Joyeuses.

Pour l'occasion, leurs deux petits, Philémon et Coline, seront confiés aux grands-parents, à Rexpoëde. Dure, la reprise du chahut et du rigodon ?

Sûrement pas. Rémi s'est même payé le luxe d'une bonne mise en jambes, loin des terres dunkerquoises, en assistant au concert des Prout à Ambès, samedi. « C'était démentiel... », confie la girafe. Ah oui, maintenant, fini Rémi, revoilà Gigi !"