Entre l'ACAUPED , l'Afrique et le Dr Desmaretz, c'est une histoire de passion

Il y a quelques jours, le docteur Jean-Luc Desmaretz était encore en Guinée à dispenser une formation à l'échographie appliquée aux urgences.
Une habitude pour ce médecin qui partage sa vie entre le centre hospitalier d'Armentières et l'ACAUPED (association de coordination d'actions utiles aux pays en voie de développement), une des associations humanitaires la plus importante de la région qui a son siège à Armentières. "

Directeur de la maternité, chef et médecin du service de réanimation, président de l'ACAUPED, du Secours populaire d'Houplines, intervenant pour les sapeurs-pompiers... Mais à quoi peut donc bien carburer le docteur Jean-Luc Desmaretz ? « J'ai la chance de peu dormir et d'être bien encadré. Et surtout d'avoir une épouse qui gère tout le côté logistique », répond le médecin qui, depuis le début, est impliqué dans l'aventure de l'ACAUPED. « C'était en 1984 avec le docteur Marzynski , se rappelle-t-il. Avec plusieurs médecins, on a commencé à s'intéresser à ce qui se passait au Sahel et au drame de la sécheresse. »

Un an plus tard et une rencontre avec le Guinéen Siradiou Bah, professeur à Saint-Jude d'Armentières, l'ACAUPED était sur les rails et organisait sa première mission en Guinée. À l'origine, les missions ne traitaient que du domaine de la santé. « Mais la santé, c'est aussi la culture, l'accès à l'eau. C'est être bien dans son corps, être bien dans sa tête », précise le docteur.

Il y a quelques jours, le docteur Desmaretz dispensait une formation à l'échographie en Guinée.


Santé, éducation, sport...

L'ACAUPED s'intéresse alors à d'autres secteurs : l'éducation, le sport, la culture, l'environnement... « Le tout suivant le principe de la bonne gouvernance. On rencontre les principaux acteurs sur le terrain, on fait des plans qu'on remonte au conseil général et au conseil régional qui décident. Ensuite, l'association est maître d'oeuvre. » Maître d'oeuvre de projets financés par les partenaires à hauteur de 30 à 50 %. « Pour le reste, on se débrouille. Lion's club, Rotary... Et chaque membre de l'association paye son voyage, ses repas... En fait, on paye pour travailler, sourit-il. Il n'y a que peu d'associations qui fonctionnent comme ça mais ça nous donne une force, une crédibilité sur le terrain. On peut dire : ""Je viens travailler pour toi et je paye pour ça"". » Et, dans des pays bien souvent instables, l'argument peut s'avérer convaincant. « En 2000, j'étais en Guinée, se souvient le professionnel de santé. Il y avait des élections municipales et c'est l'opposition qui a gagné. L'armée est arrivée pour destituer l'ancien maire. Il y avait des armes blanches, des machettes, des tirs de fusil... Et, dans ce chaos, tous les bâtiments qui ont été construits par l'ACAUPED ont été protégés par les jeunes. Ça prouve qu'il y a du respect et de la reconnaissance pour notre travail. » Il faut dire qu'il y a de quoi puisque, en 26 ans d'existence, l'ACAUPED en a fait des choses, que ce soit en Guinée, au Mali ou même au Vietnam. Des formations, de la sensibilisation, des constructions de centres de soin, d'hôpitaux, d'écoles, de bibliothèque, de clubs de sport, des installations de latrines, de panneaux photovoltaïques... Fin septembre, c'est en Guinée que l'association armentiéroise a posé ses valises et ses échographes. « À cause des événements politiques, nous ne pouvons plus nous rendre au Mali, ce sont donc les Maliens qui sont venus en Guinée. »

De bons ouvriersmais pas d'outils

Durant dix jours, le groupe, douze Guinéens, six Maliens et deux Camerounais, a travaillé à l'échographie appliquée aux urgences. « Grâce à la région, nous avons pu financer trois échographes », se félicite le docteur Desmaretz. « Les médecins là-bas ont des connaissances mais ils n'ont pas le matériel qui leur permettrait de mettre en pratique ces connaissances. Ils sont dans les années 60 de la médecine, continue-t-il.

L'Établissement français du sang m'a donné 600 poches... Et bien, ce sont les seules poches de sang qui existent en Guinée. »

Et le médecin armentiérois de citer des chiffres de mortalité infantile ou maternelle à faire frémir. « Quand j'ai des étudiantes infirmières, je leur dis de ne pas aller en pédiatrie. Un jour, on examine dix gamins et, le lendemain, cinq d'entre eux sont morts. » Sans parler des événements politiques qui font que, bien souvent, tout est à refaire. « Cela fait 26 ans mais je n'éprouve aucune lassitude, confie le docteur.

J'adore ça, l'Afrique, c'est un virus. La lassitude, ça vient avec les événements politiques : tout change et, à chaque fois, il faut renouer des contacts. » Infatigable, Jean-Luc Desmaretz en nouera dans deux nouveaux pays : le Cameroun et l'Algérie où, dans les mois à venir, il ira distiller les précieux conseils de l'ACAUPED.

ACAUPED, 110, rue Sadi-Carnot à Armentières. Tél : 03 20 44 26 44.

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