Retracer l'histoire des Flandres à travers des cartes

Une idée originale qui donne lieu un ouvrage à la fois documenté et accessible du Gorguillon Christian Defebvre, ancien professeur d'Histoire-Geo à St Jude. Rencontre avec l'auteur...

« Les Flandres en cartes. De la préhistoire au comté de Flandre ».
Citoyenneté en actes/Presse flamande. 100 p. 25 E.

Pour se procurer le livre, Tél : 06 69 07 16 14. "

D'où vous est venue l'idée de ce livre ?
« Depuis plus de trente ans, j'accumule des documents sur l'histoire locale des Flandres, au gré des découvertes chez les spécialistes des livres anciens. Je suis en quête de livres rares qui comportent des documents historiques pour étayer un regard nouveau sur notre histoire. Je m'attache autant à ce que font les Belges qu'à ce qu'on fait chez nous. Il y a un capital de ressources historiques à exploiter. J'ai toujours eu la passion de l'histoire, et, comme enseignant, j'abordais toujours l'histoire locale en parallèle à l'histoire nationale. Ça a toujours été un fil conducteur. »

Le Gorguillon Christian Defebvre entend faire connaître l'histoire des Flandres et susciter chez les habitants un sentiment de fierté.

Dans la préface, vous affirmez que les Flandres « constituent un territoire longtemps délaissé par les approches historiques et cartographiques ».
« Oui, par exemple, on a longtemps considéré qu'il ne s'était rien passé à l'époque préhistorique au nord de la Lys, des présupposés dus à l'absence de fouilles. Mais, lorsqu'on a été contraint à des fouilles, pour la ligne TGV notamment, on a découvert que notre région n'était pas ridicule. Le regard que nous avions a complètement changé. Le problème est qu'il y a une difficulté de communiquer de manière vulgarisante sur les découvertes. »

D'où ce livre sur l'histoire des Flandres « de la Préhistoire au comté de Flandre » ?
« L'idée était de récapituler l'état des connaissances sur l'histoire des Flandres avec un fil conducteur, les cartes, qui reposait sur le fait qu'à l'origine j'étais géographe. J'ai repris mes crayons de couleur ! »

Justement, quel est l'apport des cartes dans cet ouvrage ?
« Les cartes rendent plus exigeant. Il faut retrouver les noms de l'époque, le tracé des côtes... L'intérêt, c'est de visualiser, de localiser tout ce que l'on évoque. La carte, c'est aussi un regard sur l'histoire qui nous permet de mieux comprendre nos paysages. »

À qui s'adresse le livre ?
« À tous les passionnés de l'identité flamande, à ceux qui se considèrent attachés à leurs racines, pour leur faire découvrir la richesse de notre territoire, à tous ceux qui apprennent la grande Histoire aussi, pour qu'ils ne perdent pas de vue l'histoire d'ici. »

Le livre est également agrémenté de dessins et de photos.
« J'ai souhaité un beau livre, pour qu'on soit fier de notre histoire et qu'on puisse aussi le donner en cadeau. »

L'ouvrage regorge aussi de « petites histoires ».
« Il y a la part de légende, sur l'origine de nos géants par exemple, la tradition orale. J'essaie aussi d'avoir des clins d'oeil très locaux : à telle époque, à Zermezeele, on a trouvé ceci... Je souhaite que la lecture ne soit pas rébarbative. »

Finalement, vous dites que la Flandre a une place à part dans l'histoire.
« Notre histoire n'est pas ridicule et doit être réhabilitée. Elle a été victime du fait que nous avons été tardivement français. Nous étions bourguignons, espagnols. Cet écartèlement entre des pouvoirs successifs variés a occulté notre identité. Certains disent : cette histoire est trop compliquée. Je voudrais qu'on éclaire les choses de manière simple. Il faut qu'on parvienne à ce que les gens d'un territoire puissent connaître avec précision l'histoire de ceux qui les ont précédés. Ça permet de dégager de la fierté d'habiter sur ce territoire. »

Un ouvrage riche, à lire ou à picorer
Avec « Les Flandres en cartes », Christian Defebvre a voulu faire un livre documenté, ... mais pas rébarbatif. C'est plutôt réussi.

La préface nous fait comprendre rapidement les enjeux : c'est un livre historique, mais aussi « politique » avec la volonté de mettre en valeur une région « négligée » par les historiens.

Les cartes (au moins une par chapitre), au crayon de couleur, ont un petit côté artisanal et scolaire. Plutôt plaisant, en fait. Elles jouent parfaitement leur rôle d'aide à la compréhension.

Les plus sérieux se plongeront dans la lecture des textes principaux qui, époque par époque, nous font découvrir l'histoire flamande, éclairée par des renvois à l'histoire nationale.

Mais ce livre peut aussi se « picorer ». De nombreux encadrés, courts et ludiques, attirent l'oeil. Ici, vous en apprendrez un peu plus sur les villas gallo-romaines de Bailleul, là sur le trésor de Bollezeele. Les non-Flamands pourront découvrir l'origine des toponymes.

Christian Defebvre a aussi souhaité laisser de la place à la tradition. Vous apprendrez l'origine de Reuze Papa, le géant de Cassel, ou la légende de la fondation de Dunkerque. À chaque chapitre, une rubrique « Pour aller plus loin » donne des pistes de lecture complémentaires.

Au final, le livre est à la fois instructif et agréable. Tout juste regrettera-t-on la surabondance de lions des Flandres, utilisés comme « bouche-trous » et un peu envahissants à force.

« Les Flandres en cartes. De la préhistoire au comté de Flandre ».
Citoyenneté en actes/Presse flamande. 100 p. 25 E.

Pour se procurer le livre, Tél : 06 69 07 16 14.

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