Armentières : en France depuis sept ans, que sont devenus Mario et sa famille qui ont fui la Syrie?

a famille Saed en 2015, au moment de son installation à Armentières

Quinze jours à peine que la famille a quitté l’appartement de la rue Louise-Michel, pour emménager dans sa nouvelle maison du quartier des Prés du Hem, toujours à Armentières. La famille Saed est arrivée en France, plus précisément à Armentières, en 2015. Que sont-ils devenus ?

À l’époque, nous vous avions raconté leur histoire. Celle d’une famille qui a fui la Syrie. « Parce qu’il y avait la guerre. La guerre a commencé quand j’avais 8 ans, j’étais tout petit, il y avait des explosions, des morts », nous avait raconté quelques mois plus tard Mario, alors scolarisé à Saint-Jude. Mario et sa famille faisaient partie d’une minorité arménienne chrétienne persécutée, leur voyage les a conduits en Turquie mais aussi au Liban puis en France, où ils ont obtenu la protection subsidiaire.

Cette semaine, nous les avons retrouvés. Et qu’il paraît loin le temps où Mario ne parlait pas un mot de français et avait été accueilli à l’école Léo-Lagrange.

Mario a aujourd’hui 16 ans, il est devenu parfaitement bilingue et vient de décrocher son brevet avec la mention assez bien. Il a créé sa chaîne youtube pour partager sa passion des jeux vidéo et compte 27 000 abonnés. Mario a surtout une petite sœur depuis trois ans. Marianilla a le regard espiègle. En septembre, elle fera sa rentrée l’école Léon-Blum.

Chez les parents, nous retrouvons Talar, la maman, qui a désormais 37 ans. Le français s’est, chez elle aussi, nettement amélioré. Après une expérience professionnelle plus que concluante avec l’association Défi, le Covid a été une période difficile pour cette maman qui s’est occupée de sa fille. Talar attend avec impatience la rentrée de septembre pour pouvoir retravailler. Geoseph, le père de famille, rentre quant à lui du travail justement. Il est toujours couvreur, mais plus dans l’entreprise fleurbaisienne dont le patron lui avait offert une main tendue en l’embauchant en CDI et en le formant à son arrivée en France. Geoseph en est à sa troisième expérience professionnelle : « Je suis en CDI à Lomme aujourd’hui. » Et il maîtrise lui aussi beaucoup mieux le français.

Une démarche longue et onéreuse

La volonté farouche de la famille de s’intégrer est toujours présente. Mais ces jours-ci, elle se retrouve confrontée à des réalités administratives. La famille Saed est bien en règle. Les parents disposent de la protection subsidiaire, tandis que les enfants, mineurs, ont une carte de circulation. « J’ai fait des demandes de naturalisation il y a deux ans, mais nos demandes viennent encore d’être refusées. » Talar est inquiète et agacée. « On fait tout ce qu’il faut pour s’intégrer. On veut faire notre vie ici. Mais aujourd’hui mon fils ne peut pas partir en voyage de classe en Angleterre par exemple. Quand des parents d’amis l’invitent pour des vacances à l’étranger, on doit dire non aussi. » C’est pour cela que la famille entend bien poursuivre les démarches et trouver un avocat. Elle a un mois pour faire appel du dernier refus du tribunal administratif de Nantes. Une démarche longue et onéreuse – « il faut refaire tout le dossier avec des documents que l’on doit faire venir de Syrie et donc (re)payer » – mais la liberté de leurs enfants n’a pas de prix.