Voyage d'étude géologique de la région du Boulonnais (1986)

Deux classes de première prenaient la route ce vendredi 21 mars 1986 pour se rendre en premier lieu sur le site de NABRINGHEM. Cet arrêt était destiné à découvrir la boutonnière du Boulonnais.

Les élèves se sont séparés en deux groupes, l'un accompagné par Mlle BLOMME, Mlle MARLIERE se joignant au second groupe.

Aussitôt les bottes chaussées, nous entreprenions l'escalade d'une colline jusqu'au sommet crayeux*. De là, nous avions un vaste panorama sur le Boulonnais. La distinction apparut nettement entre les contreforts du Haut-Boulonnais, terrain crayeux ne portant qu'une faible végétation, et le BasBoulonnais présentant un paysage de Bocage.

De ce point de vue, nous devions réaliser des schémas qui furent joints à nos compte-rendus*.

Tous assis sur l'herbe freiche, nous étions tels des artistes peintres, le pinceau ou le crayon en main. Mlle BLOMME nous présentait les points à observer: face à nous, des champs enclos, un paysage de Bocage, les terrains y sont argileux et datent du début du jurassique.

Puis une ceinture de craie, les terrains sont du crétacé et enfin, au loin, les collines de l'Artois*.

Nous allions quitter ces lieux, émus du paysage, et soucieux de la prochaine étape, en l'occurence les carrières de FERQUES. Les carrières Stinkal, près de FERQUES, ayant autorisé notre visite, nous prenions connaissance de quelques terrains de l'ère primaire. Nous pouvions toucher des dépôts calcaires datant de l'étage Givétien. C'est dire qu'ils se sont formés il y a 360 millions d'années. Aujourd'hui mis à jour, ces terrains sont exploités comme matériaux de construction.

Autres matériaux et nouvelle aventure nous attendaient; la visite de la marbrerie.

Les carrières de la vallée heureuse, exploitées depuis 1880 présentent un site un peu inquiétant... Devant ces énormes blocs blanchâtres manipulés par l'homme, nous nous sentons à la fois ingénieux et fragiles. Les élèves confrontés à la réalité de la carrière, restent quelque temps muets, mais bien vite avides de savoir, ils écoutent patiemment les explications données par un homme de chantier.

Cet homme dont la vie est si proche de celle de la carrière semble pourtant indifférent à la beauté de sa tâche. Ainsi, les travaux effectués sur le marbre semblent banals et quotidiens. Les blocs de marbre de 600 tonnes sont taillés directement dans les parois grâce à un fil diamenté. Ce fil coupe la roche d'une façon nette, sans fissure ; le fil est passé dans la paroi à travers des trous perforés au préalable.

Plus tard, les blocs taillés sont découpés en tranches d'épaisseurs variables. L'opération suivante est le polissage, la roche acquiert là le brillant qu'on lui connaît et que l'on apprécie sur une table, un escalier. A cette occasion, un fossile gardé prisonnier dans la plaque peut entrer chez vous, il date du jurassique Moyen, et il a peut-être 170 millions d'années...

Après avoir visité la marbrerie, nous reprenons la route de Boulogne, le pique-nique y sera partagé sur la plage. Une course sur le sable, les embruns, l'air de la mer, rien de tel pour ouvrir l'appétit !

Aussi déjeunons-nous gaiement tout en conversant des premières impressions de la matinée. Bientôt, l'heure de pause se terminant, nous devons partir vers Wimereux non sans avoir, par une dernière course, créé une complète débandade parmi les nombreuses mouettes.

L'après-midi, le temps était particulièrement clément en cette saison. Le soleil brillait. La marée basse, la grande plage découverte, les falaises et l'air marin, tout laissait croire à un après-midi de vacances à la mer...

Et pourtant tout en marchant de Boulogne à Wimereux, nous découvrions les falaises et leur histoire: leur formation, leur érosion leur disparition progressive.

Les élèves, marteau et burin à la main s'acharnaient sur les falaises pour en extraire quelques Ammonites ou quelques fossiles d'Inocérames. Pour beaucoup cette recherche des fossiles reste un formidable moment de la sortie.

Un peu plus tard, ces mêmes élèves cherchaient à comprendre les phénomènes intervenus au cours des temps géologiques. Les accidents techniques tels que l'anticlinal et le Cap de la crêche, puis la faille de Honvaut, illustraient les déformations qui ont affecté la région.

Ainsi, ces grands blocs de pierre, distants et froids avaient une histoire, tandis que les fossiles, arrachés de leur étau, accédaient à l'air libre et aux rayons du soleil.

En rappelant leur grand âge et leur mode de vie, nous leur redonnions vie... tandis qu'ils témoignent du passé de notre région.

A Wimereux, notre étude géologique sur le terrain s'achevait. Nous reprenions le bus pour rejoindre l'école... Tels des conquérants nous avions escaladé, photographié et dessiné pour retracer l'histoire géologique de la région. Les explorateurs en herbe que nous faisions sont repartis très enthousiastes après cette première étude géologique. 

Rendez-vous à la prochaine sortie...