Professeur de latin, elle applique la réforme du collège mais s’inquiète

Catherine Massein compte « donner sa chance » à cette réforme, dont elle ne comprend toujours pas l’intérêt pour le moment

Entre manifestations et pétitions, la réforme des collèges a fortement mobilisé le corps professoral cette année. Quelques jours après la rentrée, nous avons rencontré Catherine Massein, professeur de lettres classiques à Saint-Jude.

Catherine Massein, vous êtes professeur de français, de latin et de grec à Saint-Jude depuis treize ans. Sans avoir manifesté, vous vous êtes mobilisée contre la réforme des collèges. Pourquoi ?

« Selon le ministère de l’Éducation, il faut davantage aider les élèves en difficulté. Évidemment, il faut soutenir et accompagner les élèves en difficulté, c’est ce que font les profs tout au long de l’année. Mais cette aide ne doit pas empêcher d’autres élèves de connaître l’origine de leur langue et l’étymologie de leurs mots. Ça les intéresse vraiment ! Des chiffres indiquent que 4,5 % des élèves en France sont latinistes, et aux yeux du gouvernement, ce n’est pas assez pour maintenir le latin. Ce n’est pas un enseignement élitiste, c’est une autre ouverture sur le monde. La réforme a été revue après les premières mobilisations des professeurs de toutes matières. Au début, le gouvernement voulait que les lettres classiques disparaissent complètement ! »

Qu’est-ce qui a changé concrètement à la rentrée ?

« Nous perdons une heure de latin par niveau, tout en gardant les mêmes programmes. Autrement dit, en moins d’heures, il faut fournir la même quantité de travail. Là n’est pas encore le problème, car nous saurons le faire. Ce que j’appréhendais le plus pour cette rentrée, ce sont les EPI (Enseignements pratiques interdisciplinaires). J’interviens maintenant dans les cours des collègues de français, histoire-géo et langues vivantes. Nous devons travailler sur des projets communs et cohérents, pour, normalement, apporter plus de culture à nos élèves. Le problème, c’est que ces cours ne remplacent pas les nôtres et ils ne s’intègrent dans aucun programme. C’est compliqué de donner des cours que nous-mêmes n’arrivons pas à comprendre. »

Vous n’avez pas l’air très convaincue…

« Je suis positive et je vais laisser sa chance à cette réforme, mais pour l’instant, non je ne suis pas vraiment convaincue. Depuis que j’ai fait mes études pour être prof, sous Jospin, j’ai l’impression qu’on s’évertue à détruire les langues anciennes… »