Murat, le patron de kebab qui signe un mot d’excuse à ses clients en retard

Peu enclin à ces méthodes mais responsable du retard, Murat a assumé.

Quelque vingt mille vues, des centaines de commentaires amusés de lycéens goguenards dans toute la France. Murat, patron de l’Artémis rue de Dunkerque, est devenu le héros des ados. Il ne s’attendait pas à agiter le web de la sorte avec son mot d’excuses original. Et on ne peut plus sincère.

« Il y a eu un problème de cuisine. Veuillez excuser vos élèves. Cordialement, bisous. » En pied de page, l’heure, 12 h 40, un tampon du restaurant l’Artémis, rue de Dunkerque, et la signature du patron, Murat. À la lecture de ce mot, on devine la bouche de la conseillère d’éducation du lycée, interdite, se tordre. Pour autant, tout est véridique, le billet n’est pas l’œuvre d’un retardataire inspiré ou la bravade d’un élève potache.

« Rassurer les parents »

En semaine, l’enseigne de restauration rapide, toute proche des lycées Saint-Jude, Eiffel et Paul-Hazard, est prise d’assaut par des élèves affamés. À tel point qu’ils doivent patienter avant d’être servis et que la pause méridienne est vite passée. C’était le cas en cette rentrée : 12 h 40 et toujours pas de kebab dans le ventre. Les clients de Murat n’avaient qu’une heure, la préparation a tardé, Murat a assumé : « Ce n’est pas dans mes habitudes, mais je voulais rassurer les parents de mes clients et le lycée », explique, bienveillant et en toute sincérité, ce papa de deux enfants de 5 et 7 ans arrivé d’Izmir dans le Nord il y a une décennie.

Aussi les jeunes ont-ils obtenu du patron… une justification en bonne et due forme. Bien sûr qu’il a vu le mot se propager à une vitesse prodigieuse sur les réseaux sociaux : « Ça m’amuse », conclut-il. Et ça vaut toutes les publicités du monde !

D’Izmir à la rue de Dunkerque

Murat est arrivé de sa Turquie natale, de la région d’Izmir, il y a dix ans, ne parlant pas du tout français. Depuis il a appris à se faire comprendre. Il commente ainsi son départ, de façon légère : « Changer de page, c’est mieux. » L’été il retourne voir sa famille là-bas. Ses deux enfants, 7 et 5 ans, sont nés ici. La famille habite La Madeleine. Il a d’abord tenu un kebab rue Masséna.

« Ici, c’est calme »

Depuis six ans, il s’est installé à Armentières, rue de Dunkerque. Et ne s’en plaint pas : « Ici c’est calme » apprécie-t-il. Ils travaillent à trois pour restaurer une clientèle fidèle. Le soir aussi, le kebab a ses convives. Il livre même les spectateurs du cinéma d’Armentières. Le local de la galerie des Lumières aurait bien tenté Murat mais la location est au-dessus de ses moyens. Murat livre aussi à Erquinghem ou Houplines.