St Jude : 60 étudiants de la génération SMS ont passé la certification Voltaire

La génération Internet et SMS n'a jamais connu son lot de dictées quotidiennes à l'école. Résultat : le niveau de français a baissé. Le corps enseignant conscient de cette évolution tente d'y remédier.
À Saint-Jude, la certification Voltaire a fait son entrée dans l'établissement cette année. Soixante étudiants de licence professionnelle ont passé l'examen jeudi et les collégiens se familiarisent depuis la rentrée avec ce nouvel outil : un certificat de niveau en orthographe française, qui pourra peut-être faire un jour la différence sur un CV. "Un étudiant en alternance qui écrit un courriel truffé de fautes à des clients de l'entreprise. » Tout est parti de ce constat. Serge Cuvelier, directeur du centre de formation de l'institution Saint-Jude, reçoit de plus en plus de remarques de chefs d'entreprise sur le niveau en orthographe de ses étudiants. Pour y remédier, il a mis en place, pour la première fois cette année, le dispositif Voltaire. Destiné aux étudiants de licence professionnelle marketing manager opérationnel, il a été sanctionné jeudi matin par la certification Voltaire : un examen qui permet à chacun de situer son niveau. L'épreuve de trois heures a été suivie par soixante étudiants qui avaient au préalable reçu trente heures de formation depuis octobre.

Une dictée et 240 questions d'orthographe, de grammaire, de conjugaison composaient l'épreuve.


Des cours dispensés par des professeurs de français certifiés de l'institution. Et à la sortie de l'épreuve, les avis sont partagés. Alors que certains ont trouvé l'épreuve trop longue, d'autres comme Jason, Cynthia ou encore Grégoire font un bilan positif. « Je pensais avoir un bon niveau, mais les cours m'ont montré que j'avais quand même des lacunes. » « On peut toujours apprendre même si mon niveau est bon pour tout ce qui touche le quotidien. » La dictée, de quelques lignes seulement, était commune à tous les candidats, les 240 questions qui ont suivi étaient différentes pour chaque candidat. Pas de triche possible. Parmi les difficultés, des mots qui selon leur sens s'écrivent de manière différentes : martyre avec ou sans ""e"", par exemple, en fonction qu'il signifie « personne qui a souffert la mort pour une cause à laquelle elle s'est sacrifiée  » ou « torture, supplice mort que quelqu'un endure » et qui revenaient à plusieurs reprises dans l'examen, justement pour semer le doute et faire réfléchir l'étudiant. Les résultats devraient être connus d'ici une quinzaine de jours. « Il n'y a pas de réussite ou d'échec pour cette certification, précise Serge Cuvelier. On parle plutôt de validation d'un niveau, qui peut aller de technique à expert en passant par professionnel et affaires. » Un plus sur un curriculum vitae, à n'en pas douter, « mais pour des lettres de motivation aussi » s'est rendu compte Grégoire.

Du côté des enseignants qui ont assuré les cours, la démarche est bonne. à tel point qu'elle a été reprise pour les collégiens de l'institution. «  Ils ne passent pas la certification mais ils ont découvert cette année le dispositif. » Anne-Valérie Maciejewski, professeur de français en 5 e, 4e et 3e, depuis 2001, a constaté la baisse de niveau depuis douze ans. « Les élèves sont fatalistes aujourd'hui. Ils ne se relisent même plus. Les heures de français ont aussi baissé, les programmes ont changé, nous ne faisons plus qu'une dizaine de dictées par an. Les élèves lisent moins, ils passent davantage de temps sur l'ordinateur et surtout, ils font des SMS à longueur de journée. » Un constat partagé par la directrice du collège, Françoise Lourme.

La méthode Voltaire tomberait donc à point. « Les collégiens trouvent cet apprentissage ludique. » L'apprentissage se fait effectivement sur ordinateur, au professeur ensuite de s'adapter aux difficultés rencontrées et d'en profiter pour refaire des points de grammaire, de conjugaison ou d'orthographe bien ciblés. Bref, Voltaire, que certains élèves ne se donneront peut-être jamais la peine de lire - « on trouve très facilement des résumés d'oeuvres sur Internet aujourd'hui » - aura quand même servi à quelque chose pour la nouvelle génération."