« La politique, c'est devenu de la télé-réalité, c'est pour ça que je n'irai pas

Ils ont entre 18 et 21 ans et sont actuellement élèves en BTS Commerce international au lycée Saint-Jude, à Armentières. Attablés dans un petit foyer lors de leur courte pause déjeuner, nous leur avons proposé de débattre sur l'imminente élection présidentielle. Premier volet d'une série de rencontres impromptues. "Qu'est-ce que la politique leur inspire aujourd'hui ?
« Rage et dégoût ! s'écrie Ugo. Déjà en 2007, on avait voté pour le meilleur du pire. Ce sera pareil cette année ! » C'est dit. Et il est vrai que, si tous s'accordent à affirmer qu'il y a une réelle attente par rapport à ces élections et que, pour la plupart d'entre eux, ils iront voter pour la première fois, l'idée sera surtout de choisir par défaut, plus que par réelle conviction, parmi les dix candidats. « Avec la crise, le critère économique sera primordial parmi les propositions », confie Boris. « Dans ce cas-là, tu fais comme en Italie et tu mets un économiste comme Monti à la tête du pays », surenchérit le très loquace Ugo. « DSK avait le charisme nécessaire, conclut Mathieu, plus en retrait. J'avoue avoir du mal à imaginer Hollande dans le bureau du président chinois. »

Débat sur l'élection présidentielle au menu du déjeuner des jeunes en BTS de Saint-Jude.


Pour ce qui est du programme à proprement parler, là encore, le groupe est à peu près d'accord. Beaucoup de belles promesses et d'effets d'annonce, pas mal de poudre aux yeux, et un débat trop souvent mal orienté. Sophie raconte : « Encore récemment, dans le Petit journal de Canal +, j'ai vu que la plus grande partie du temps de parole laissée aux candidats était utilisée pour critiquer les concurrents. C'est presque devenu du tabloïd américain ! » Bertille, assez discrète jusque-là, prend la parole à son tour. « Les seuls problèmes qu'on aborde aujourd'hui, dit-elle assez dépitée, c'est l'immigration, la sécurité et la viande halal ! » Et Ugo de faire son retour dans le débat : « J'avais suivi le jeune Maxime Verner qui voulait se présenter mais qui n'a pu avoir les 500 parrainages nécessaires. Dommage car il parlait bien... » Thibaud déplore lui aussi que le fond du problème de l'éducation ne soit pas au centre des priorités. Selon le jeune homme, les réformes ne sont pas adaptées et le budget insuffisant. « Je trouve, par exemple, qu'il manque cruellement d'infrastructures sportivespour les jeunes. D'ailleurs, j'y pense, on sera en stage lors du second tour, il faudra voter par procuration. Je vais faire les démarches nécessaires, mais vraiment sans grande motivation. » Et l'infatigable Ugo, sans langue de bois, de trancher : « La politique, c'est devenu de la TV-réalité, c'est pour ça que je n'irai pas voter ! » Pour le pronostic, tout le monde voit un second tour opposant François Hollande à Nicolas Sarkozy, avec un bel avantage au second lors du grand débat d'entre-deux-tours. Pourquoi ? « Car il est meilleur orateur. Hollande pourrait se faire bouffer ! »

Les jeunes ont parlé. Affaire à suivre."