À New York, une exposition née d'une mûre réflexion artistique

C'est aujourd'hui que la styliste Claire Catoire et le photographe Pascal Auvé s'envolent pour New York, où ils vont achever de mettre en place l'exposition présentée à Manhattan du 4 au 17 avril au nom de l'association caudrésienne Expressions dentelles.

"Les collections de robes sont déjà arrivées au Fashion institut of technology, sur la 7e avenue. Mais Pascal et Claire ont souhaité procéder eux-mêmes à leur installation dans le lobby (hall) de cette grande école de mode, afin d'aller jusqu'au bout d'une démarche artistique mûrement réfléchie.

Réflexion qui commence évidemment dans la création des robes. Écoutons Claire Catoire expliquer la conception de sa première collection, « Claire veut la lune », dont plusieurs pièces seront exposées dès lundi à NY : « Je ne suis pas couturière moi, j'aime la construction. Aussi, je suis partie pour toutes mes robes d'un rectangle de dentelle identique, et avec lui, j'ai construit une robe. On n'est pas dans la coupe... » La créatrice pense que ce parti pris artistique, qui utilise la dentelle comme « matériau », a intrigué, et peut-être convaincu, les porteurs du projet de promotion de la région Nord - Pas-de-Calais du lycée Saint-Jude d'Armentières partenaires qui ont permis à l'exposition d'exister.

«La visualisation d'un acte créateur» dans chaque photo...


Autre collection, autre parti pris : pour « Lace skin » (littéralement, « peau de dentelle »), Claire Catoire a créé des robes « entièrement transparentes ». Un choix esthétique certes, mais pas seulement : « La notion de vêtement qui cache le corps ne m'intéresse pas, explique Claire. Bien sûr, on peut porter ces créations avec des fonds de robe, Mais là, la robe va être présentée en tant que construction, avec le travail de fronces, de plissage... Ce qui permet de donner un autre aspect visuel, en jouant avec l'opacité, la transparence ... » Au coeur de la démarche de Claire Catoire, une volonté forte : que sa création soit « représentative de l'industrie de la dentelle ». « Je ne dénature pas le produit, jamais je ne coupe dedans ! Je façonne la dentelle... » Parallèlement, afin de symboliser « l'héritage » que représente pour elle la dentelle - Claire Catoire revendique être fille d'un « ouvrier » - et de faciliter la « transmission », au propre comme au figuré, de ce patrimoine, les robes ont été conçues pour pouvoir être transmises « sans que cela soit un poids » pour qui les reçoit. Aussi, façonnées avec un fer au moment d'être portées, les robes peuvent être « repassées en sens inverse pour être remises entièrement à plat, et rangées dans un écrin à peine plus grand qu'une grande enveloppe. »

Passionnant

Dans cette réflexion, Pascal Auvé a trouvé matière à alimenter la sienne, produisant 23 clichés en noir et blanc illustrant sa vision des deux collections, et 6 formats géants (80 cm sur 1,80 m) autour du thème « la main et le fil » et du geste de l'ouvrier. « C'est passionnant de travailler avec une créatrice qui a un tel concept, indique-t-il. On ne peut photographier que si on arrive à rentrer dans sa tête... Et la satisfaction que cela peut apporter est énorme ! Et pour moi, pour réaliser même une photo qui peut paraître ""ordinaire"", il y a la visualisation d'un acte créateur... »"