Professeurs et membres du personnel

Il y a 60 ans, Simone et Georges se disaient oui

Le 31 juillet 1949, Simone Leconte et Georges Vandenbroucke se sont mariés à Vieux-Berquin, en l'église Saint-Barthélémy. Vendredi, c'est à la Maison Saint-Jean qu'ils ont fêté leurs noces d'or. "

Les époux avaient pris pour devise : « Pour le meilleur et pour servir » en se mariant. Et ils n'ont pas failli. Car toute sa vie, madame Vandenbroucke, née le 11 avril 1923, fille unique, a servi son prochain. « Ame vaillante » quand elle était jeune, elle est ensuite devenue bénévole au sein de diverses associations et s'est surtout préoccupée des enfants d'Afrique. D'ailleurs, grâce aux Pères Blancs, elle a reçu chez elle, deux petits-enfants africains.

Les époux ont fêté leurs noces d'or à la Maison Saint-Jean, où ils résident depuis 2006.


Simone a ensuite été responsable au Secours catholique, elle a créé un réseau pour recevoir des enfants provenant d'Afrique du Nord. Quand elle évoque son déplacement au Cameroun, alors ses yeux brillent. Ce qu'elle a mis en place existe encore, et c'est pour elle une grande satisfaction.

Après le mariage, le couple habita Vieux-Berquin, puis Hazebrouck, Bailleul, où ils ont fait bâtir, et enfin La Gorgue, au béguinage. Dans ce dernier endroit, ils ont connu trois inondations : la Lawe avait quitté son lit.

Le père de Simone tenait le garage Renault, sur la route de Cassel, un des premiers de la marque. Elle a rencontré Georges grâce à des amis communs. Ils ne se sont alors plus quittés. De leur union, sont nés deux enfants : Stéphane, en 1953, et Christine, en 1956.

Georges Vandenbroucke est né en 1923 à Eecke. Il était le troisième d'une famille de huit enfants. Il se souvient des bons moments passés dans sa jeunesse chez les Scouts de France, puis comme animateur paroissial. Professeur des écoles, il a enseigné à l'école de l'Immaculée Conception de Bailleul pendant 28 ans, puis à Saint-Jude en tant que documentaliste, avant de prendre une retraite bien méritée en 1984.

Depuis 2006, ils résident à la Maison Saint-Jean. Et leur devise n'a pas pris une ride. Georges Vandenbroucke a créé un atelier mémoire auquel de nombreux résidents participent ! Vendredi, un repas leur a été servi dans un salon de la résidence. De nombreux membres du personnel les entouraient. Ils ont vu défiler en quelques instants tous les bons moments de leur vie commune, ceux qui font rire aujourd'hui.

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L'institution Sainte-Odile a fêté ses retraitées, Anne-Marie et Marie-France

Vendredi en fin d'après midi, dans la salle du restaurant de L'institution Sainte-Odile, le départ en retraite de Anne-Marie Deboudt, enseignante d'histoire-géographie et Marie-France Barroug, assistante maternelle fut l'occasion d'une cérémonie en leur honneur. "Tous les membres de la communauté éducative leur ont témoigné leur sympathie. Les messages de soeur Catherine, représentant la tutelle de la Sainte-Union, et de Jacques-Yves Inglard, président de l'OGEC furent suivis du discours du directeur coordinateur Christian Pollet qui évoqua la carrière d'Anne-Marie Deboudt.

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Bernard Théry, cérémonie de remise des palmes académiques

Photos et discours prononcés lors de la cérémonie de remise des palmes académiques à Bernard Théry le 22 mai 2009.

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Discours de l'abbé Cremer :

Monsieur le Directeur, Mesdames, Messieurs, mon cher Bernard,

Il serait indécent de ne pas commencer par exprimer ma gratitude pour l’honneur qui m’est fait de  prendre la parole en cette circonstance heureuse. et d’être l’interprète de beaucoup d’entre vous , pour féliciter le récipiendaire   qui nous rassemble autour de lui aujourd’hui.    Ce m’est l’occasion de dire le double plaisir que j’éprouve. Celui d’avoir été extrait de ma retraite par une manifestation d’amitié ; et celui  d’être accueilli dans cet établissement où il me fut donné d’exercer, pendant onze années, la fonction de directeur., Merci Monsieur Rohart, Merci Bernard.

     Tu as bien voulu, Bernard, me dire, pour justifier ton choix de me demander de te remettre les insignes de chevalier dans l’ordre des Palmes académiques, que j’avais pu ne pas être étranger à l’orientation de ta carrière d’enseignant et de formateur  qui est mise en honneur aujourd’hui.
C’est vrai que nous nous sommes rencontrés  sur ce terrain et que nous avons travaillé, avec bien d’autres, pendant dix ans à l’Ecole de Professeurs. Un maître commun avait semé en nous cette petite graine qu’il appelait le virus pédagogique. Le Père Delerue avait été mon professeur avant de devenir le directeur-fondateur de cette Ecole où tu as bénéficié à ton tour de son exemple, de ses conseils et de son ouverture d’esprit..
     En ces temps où la formation des maîtres retient  l’attention des pouvoirs publics et des universités qui ont bien du mal à trouver un équilibre satisfaisant et prospectif, je  ne crois pas inutile de mettre en valeur la création , dès 1962, de cet institut  qui,  en collaboration  avec les  facultés de la Catho, avait pour ambition de permettre aux futurs enseignants du second degré  de l’enseignement catholique d’acquérir une compétence  universitaire  , de se former aux sciences humaines et d’expérimenter leurs capacités à exercer le métier..
      C’est avec plaisir  et bonheur que j’ai accompagné chez toi et chez  ceux qui  ont rejoint  l’équipe  que nous formions, ce désir de mettre à la disposition des collègues et futurs enseignants vos connaissances , votre expérience pédagogique, vos réflexions et  recherches sur les apprentissages et sur la finalité  de chaque discipline dans la formation de l’intelligence et  l’épanouissement de la personne  humaine  
       La graine a germé chez toi et ton curriculum vitae que j’ ai  consulté m’a montré que tu y avais pris plaisir et profit tout au long de la carrière qui est honorée aujourd’hui par cette distinction amplement méritée. Titres universitaires, Concours ; Travaux, ouvrages  et publications. ; direction de collection, chez l’éditeur Belin, auteur  d’un  guide de l’enseignement du français, et celui d’accompagnement du conseiller pédagogique,  jalonnent,   accompagnent et sont accompagnés  d’engagements personnels dans les  établissements où tu as enseigné, d’actions de formation dans l’enseignement  secondaire et supérieur, à l’École de professeurs et l’IUFM du Nord-Pas de Calais , de participation à des groupes de recherche-action sur le plan régional et national. Et comme en contre-point , c’est à dire pour enrichir la palette, la présence active dans une. maison de jeunes au club théâtre,  des Centres de vacances,  des stages de BAFA à l’UFCV  Tu as estimé que les responsabilités prises ou confiées  dans la vie des institutions  faisaient partie des obligations de ceux qui y exerçaient le métier . Il te semblait que les talents que tu avais reçus méritaient d’être développés    par la participation pendant  plus de trente ans,  à une soixantaine de stages de formation continue.  Ils ont contribué à faire grandir en toi le souci d’en offrir les fruits à  ceux que tu rencontrais ; Je crois pouvoir dire que,  si tu y as goûté le bonheur du partage, ceux-là ont goûté celui  de ton enthousiasme, de ta personnalité riche et colorée. Bref une belle figure d’homme et de prof…
 Il est évident que ton épouse Thérèse   a été au premier rang de ceux qui ont contribué à l’enrichissement de ta personnalité . Le foyer que vous avez fondé  a accueilli les enfants et maintenant les petits enfants qui vous ont arrachés à  notre proximité sans distendre les liens d’amitié qui sont si précieux  pour chacun..
 
    Depuis longtemps les psychologues, les sociologues, les écrivains et les scientifiques  s’interrogent sur les motifs de ceux qui font  choix de ce métier, les qualités intellectuelles nécessaires , les traits de personnalité qui assurent le succès et l’autorité,  les conditions qui favorisent la réussite  conjointe des élèves qui leur sont confiés et la leur propre, car l’enseignant se doit d’être heureux d’exercer son métier. Ne sachant comment résumer tout cela on disait autrefois qu’il fallait avoir la vocation ; on parlait même de  sacerdoce, même dans les propos qu’utilisaient les hussards noirs de la République. Mais qui appelle ? et quel chemin suivre pour  que la réponse soit le fruit  d’un discernement éclairé ?
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Sans prétention d’exhaustivité  et pour le plaisir, je me suis laissé aller à formuler  quelques remarques où j’espère tu pourras te reconnaître au détour de l’une ou l’autre. Comme d’ailleurs d’autres amis présents qui comme toi et moi exercent ou ont exercé ce métier,   redoutable et passionnant
 
 
Bref pour être enseignant il m’est apparu qu’il faut être ……..
 
Assez sûr de soi et confiant dans la vie pour croire que ce que l’on fait n’est pas si mal, car il faut éviter de sombrer dans la déprime ;
Et assez exigeant avec soi –même pour ne jamais être tout à fait satisfait et avoir envie de progresser, 
Assez confiant dans les possibilités de transformation et de progrès des jeunes pour miser sur leurs atouts et rester optimiste pour leur révéler et offrir  des raisons de vivre et de grandir .
 
Assez lucide pour ne pas être dupe ni girouette; pour savoir qu’il y a en tout homme et en tout petit d’homme des formes de résistance et de pesanteur qu’il faut l’aider à surmonter quitte à utiliser le « coup de pied au cul »  au sens figuré évidemment.
Je citerai ici Marcel Achard qui, dans sa pièce « Voulez-vous jouer avec môa »  fait l’apologie de  ce geste, rigoureusement interdit dans le milieu scolaire ,  
 
            Voyez-vous, ,le coup de pied au cul  est la plus noble invention de l’homme, ce qui le rend supérieur à la bête.. Avez-vous songé à ce qu’il a fallu de merveilleux hasard pour que le pied qui est fait pour marcher et les fesses faites pour s’asseoir se rencontrassent !! Le coup de pied au cul grandit l’homme ( Marcel Achard – voulez-vous jouer avec möa ?)
Je poursuis après cette parenthèse  destinée aussi à détendre l’atmosphère.
 
Assez fier de faire fonctionner son intelligence  et ainsi maîtriser la complexité  de sa spécialité  pour y prendre plaisir et avoir envie d’initier d’autres à cette même joie, ne serait-ce qu’un peu..
Assez humble pour savoir que ce qu’il sait et a plaisir à connaître, n’est pas le tout du savoir ; que d’autres   prennent d’autres chemins  aussi beaux et capables de les rendre heureux , en être curieux et désireux de s’en enrichir  en les respectant 
Assez fou pour penser qu’il n’y a pas de plus beau métier que celui qu’il exerce ;
Assez sage pour accepter d’être jugé, critiqué par d’autres .
 
Assez géomètre pour savoir qu’il n’y a pas de progrès sans rigueur,
 Assez saltimbanque pour reconnaître qu’il n’y a pas de savoir « en soi » mais que seul le savoir de quelqu’un devient intéressant parce qu’il prend un visage, un cœur, une manière  d’exister qui lui  est singulière.
 
Autant dire que  l’enseignant  est sur la corde raide, trop heureux d’y être  et d’offrir ce qu’il peut et de s’offrir lui-même, en  remettant à Dieu, s’il y croit, du soin de faire pousser et grandir au milieu de la terre qu’il aura patiemment  déposée, remuée,  engraissée, les graines irremplaçables et diverses que sont les petits des hommes.
 
 
 
Y aurait-il un secret qui fasse le professeur ?
J’emprunterai la réponse à cette question  à Daniel  PENNAC  dans Chagrin  d’École que tous devraient lire s’ils ne l’ont pas déjà fait :
 
 « Le secret du métier,  c’est l’amour..
«  Mais pas de contresens : il ne s’agit pas de sentimentaliser le rapport pédagogique.
« Ce que j’appelle l’amour est un cocktail fait de passion pour la matière qu’on enseigne, du plaisir de la transmettre et d’une lucidité bienveillante à l’égard de la jeunesse. Ces trois ingrédients me paraissent indispensable au métier de professeur »
 
Bernard    même si tu es aujourd’hui rayé des registres de l’Education Nationale, il a quelque chose que tu emportes avec toi, c’est toi..   Toi , tel que t’ont fait devenir  , tes élèves, tes collègues tes  rencontres , tes découvertes, tes travaux, tes bonheurs et tes peines.
 
Les palmes que tu reçois ne te changent pas.  Elles ne t’arrêteront pas sur le chemin que tu as choisi de parcourir et de tracer pour ton bonheur et celui de beaucoup d’autres, dont le nôtre, évidemment.
 
 
                                                                          Philippe Crémer
                                                                          22 mai 2009 St Remi , Roubaix

Discours de Bernard Théry :

Monsieur le directeur diocésain, monsieur l’abbé, monsieur le président du Conseil d’administration, monsieur le directeur, chers collègues, chers amis,
 
Le mot « virus » a, vous l’avouerez, quelque chose de franchement désagréable quand il s’applique à nos ordinateurs, et quelque chose de tout à fait détestable, d’abominable même, quand il évoque les épidémies modernes …
 
Mais quand il sortait de la bouche du chanoine Delerue, ce mot « virus » prenait une autre tonalité… Les ordinateurs et le sida n’existaient pas encore et il s’agissait alors pour le directeur de la toute nouvelle Ecole de Professeurs de symboliser, par cette image, le sens de la pédagogie qu’il voulait « inoculer », à Lille, aux futurs professeurs de l’enseignement catholique, du moins à ceux d’entre nous qui soupçonnaient que le savoir universitaire ne leur suffirait pas pour devenir enseignant, qu’il ne suffisait pas d’être fort en mathématiques ou en français pour pouvoir enseigner ces disciplines à des adolescents.
 
Les moyens de l’EDP étaient alors modestes : trois jours de session avant la rentrée universitaire, trois jours après les examens de fin d’année, des conférences sur l’adolescent à « l’Aula maxima » une fois par semaine et des stages, éventuellement une bourse d’études.
 
Trois jours avant la rentrée du 2 novembre 1966, nous nous sommes donc retrouvés dans « la » petite salle de l’Ecole de Professeurs, rue du Port, pour notre première session ; parmi la petite promotion d’étudiants en lettres classiques de la catho, nous étions 6 garçons et une fille  à nous être inscrits, en plus de la fac, à l’EDP. L’étudiante, c’était une certaine Thérèse, la future mamie de nos 6 petits enfants … Mais elle ne le savait pas encore ! Elle ne savait d’ailleurs pas non plus que cinq ans plus tard elle épouserait un certain Bernard … !
 
Notre parcours professionnel a été parallèle : porteurs du fameux « virus », nous avons exercé à Boulogne pour Thérèse, à Marcq pour moi-même, puis ensemble à Marcq, enfin à Roubaix ou Wattrelos où Thérèse après avoir passé son diplôme de professeur-documentaliste a créé deux CDI, l’un à Jeanne-d’Arc, l’autre à Saint-Joseph, et aussi créé et présidé l’ARDEP, l’association des documentalistes du Nord-Pas-de-Calais.
 
Vous qui nous avez connus tous les deux, vous savez à quel point  nous étions « atteints » par ce virus ! Je crois pouvoir dire que nous avons été passionnés l’un et l’autre par notre métier d’éducateur, je dis bien « éducateur » et pas seulement professeur.
 
Devenu formateur, j’ai un jour écrit pour le journal des étudiants de l’EDP un article intitulé « Le virus, le tonus et l’astuce ». Au « virus » de la pédagogie, nous avons effectivement, Thérèse et moi, dû associer le « tonus » et « l’astuce »…
 
Vous savez à quel point il en faut du « tonus » dans notre métier. Par exemple,  pour vouloir, demander et obtenir le silence dans nos classes ou dans un CDI ; j’ai toujours pensé que c’était prendre la défense des plus pauvres que d’exiger un climat de travail en classe qui permette aux élèves les plus lents ou les moins doués d’entendre le professeur. Les plus riches, c’est-à-dire les plus malins, les plus intelligents s’en sortent toujours ; mais, pour la grande majorité des jeunes, le calme et la concentration sont indispensables.
 
Mais alors quel « tonus » il faut !  Et quelle fatigue et quel stress aussi, quand on veut « tenir » une classe ou exiger le calme dans le CDI ; dans celui de Thérèse, les élèves avaient vite compris à qui ils avaient affaire … et qu’il fallait respecter les règles !
 
Quant à « l’astuce », ce mot résume pour moi une des grandes satisfactions du métier : créer, inventer des méthodes, des procédés pour faire progresser les élèves ; ayant bénéficié tous les deux de la formation de formateur ou de documentaliste à Angers, nous avons tous les deux cherché et même écrit.
Ce fut pour moi le Guide Belin, ce fut pour Thérèse les fascicules, entre autres productions, qu’elle inventa pour initier ses petits sixièmes aux méthodes de recherche documentaire…
 
L’astuce dans notre métier, c’est aussi déjouer les pièges tendus par nos charmants élèves, ces « petits d’homme » écartelés entre la loi de l’effort, indispensable dans tout apprentissage, et la loi du moindre effort …
 
Puis est venu le temps des sciences de l’éducation, de l’IUFM …
 
Lorsque, sur proposition de l’E.D.P., nous avons été quelques-uns à préparer un DEA en sciences de l’éducation, j’ai découvert, ébahi, un nouvel univers, et, dans cet univers, la galaxie de mes ignorances dans le domaine des phénomènes et des problèmes d’apprentissage.
 
Nous suivions les cours du soir en compagnie des futurs Conseillers d’orientation et je me suis rendu compte qu’eux, qui n’enseignaient pas, recevaient une véritable formation au métier d’enseignant, alors que nous, à l’époque, nous devions piloter un navire sans rien connaître, ou si  peu de son fonctionnement.
 
Nous avons toujours pensé à l’Ecole de Professeurs que la formation des enseignants reposait sur trois pieds d’égale importance : de solides connaissances universitaires, de la pédagogie, c’est-à-dire l’art et la manière de « conduire » les enfants, et enfin la didactique, c’est-à-dire, pour faire court, la pédagogie appliquée à la matière enseignée.
 
Mais dans notre beau pays de France, on se croit toujours plus malin que les autres, et loin des recherches menées par exemple au Canada, en Belgique ou en Suisse sur les mystères et les difficultés de l’apprentissage, on préfère passer son temps à mépriser, à dénigrer : l’universitaire n’a que mépris pour le « pédagogue » et le didacticien dont il aurait pourtant tant à apprendre …
 
« Bernard, tu ne vas quand même pas t’abaisser à faire de la pédagogie ? », m’a dit un jour un collègue de la faculté.
 
Quand va-t-on en finir avec cette guerre imbécile ? Et unir nos forces pour le plus grand bien des enfants et des jeunes ?
 
Je ne sais pas ce qui sortira de la prochaine réforme de la formation des maîtres. Mais je crois indispensable d’équilibrer savoir universitaire, pédagogie et didactique.
 
Comme je crois à l’importance de la formation continue des maîtres. Il faut obtenir et assurer une formation tout au long de la carrière. Nous avons observé à l’EDP que seuls 20% des professeurs participaient à la formation, et que c’était toujours les mêmes ! Que dirait-on si seulement 20% des médecins faisaient l’effort de se tenir au courant des progrès de leur science ?
 
Mais puisque j’ai été nommé « chevalier », je voudrais maintenant rendre « hommage », non pas à un quelconque « seigneur », mais à certaines personnes.
 
Et d’abord, mes parents qui m’ont permis de faire des études secondaires à une époque où  on allait en usine, non plus à 8 ans comme mon grand-père, mais à 14 ans.
 
Je voudrais aussi vous dire que mon amour du métier, je le dois à quelques personnes qui ont particulièrement marqué ma vie : l’abbé Ferdinand Lapersonne, mon professeur de latin en 5° et surtout de français-latin-grec en seconde au lycée St-Jude d’Armentières ; sa bonté, qui n’excluait pas la fermeté, son amour de la littérature, son rire ont illuminé mon adolescence.
 
Et puis aussi toutes ces femmes qui ont été mes « chefs » … Je ne parle pas ici de Thérèse !
 
Certains élèves, en particulier ceux qui ont des ascendances méditerranéennes,  auraient aujourd’hui tendance à se braquer face à la féminisation du corps enseignant : « Moi, obéir à une femme ! ».
 
Pour mon plus grand bonheur, j’ai « obéi » dans ma carrière à des femmes : Tante Yvette, ma première directrice de colonie de vacances, toutes ces responsables de stage  à l’UFCV où j’ai tant appris, madame Kuckzinska, notre formatrice de formateurs à l’EDP, et puis toutes ces collègues qui m’ont accompagné sur le chemin des recherches : Yvette, Sylvette,  Antoinette, Colette, Elisabeth … Papa et ses « croquettes » disait malicieusement une de nos filles ! sans compter ces fortes personnalités croisées à l’IUFM Nord-Pas-de-Calais, inspectrices et formatrices. Merci à elles toutes.
 
Je voudrais vous dire, ce soir, à quel point j’ai été heureux d’exercer ce beau et difficile métier. Je sais que pour Thérèse il en a été de même.
 
Et vous avez compris que cette médaille qui m’est accordée aujourd’hui, elle la mérite au moins autant que moi, dût sa modestie en souffrir. Elle la mérite pour tout ce qu’elle accompli pendant sa carrière, et pour tout ce qu’elle m’a permis de faire.
Si elle n’avait pas été à mes côtés, je n’aurais jamais pu me consacrer autant à mes tâches de formateur et de professeur. Sans son amour, sans son aide quotidienne et matérielle, culinaire, j’insiste sur le « culinaire », sans sa compréhension, et sa complicité intellectuelle, j’insiste sur complicité intellectuelle, il n’y aurait jamais eu de Bernard Théry formateur et auteur de livres de pédagogie … Une telle complice doit être associée aux honneurs de son comparse … D’autant plus qu’après avoir œuvré comme secrétaire de l’association « Horizons nouveaux » à Roubaix, elle se prépare à reprendre du service à la bibliothèque de Passy …
 
(ça me ferait plaisir que vous l’applaudissiez)
 
Quand j’ai reçu mon joli diplôme de « Chevalier », j’ai pensé aussi à vous tous et à vous toutes qui avez pratiqué ou pratiquez encore l’enseignement : comme moi, vous méritez bien d’apprendre un jour que, je cite, « le Premier ministre » vous « a nommé(e) Chevalier dans l’ordre des Palmes académiques » (…) pour services rendus à l’Education nationale ». Oui, comme nos collègues de l’enseignement public, nous rendons service à l’Etat, aux familles de France.
 
Pour terminer, je voudrais lancer un appel en faveur d’une association avec laquelle j’enregistre des livres pour les aveugles : il s’agit d’E.C.A., « Enregistrement à la carte pour les aveugles ». Comme vous le verrez sur le prospectus qui est à votre disposition dans la salle, la spécificité d’ECA est d’enregistrer à la demande des aveugles tout ouvrage ou document de leur choix ; la plupart du temps, ces documents ne s’adressent pas au grand public et il n’en existe donc pas de version braille ou sonore disponible.
 
Je profite de cette soirée pour vous demander de bien vouloir faire connaître cette association autour de vous. J’oserai même aller un peu plus loin. Comme toutes les associations, en ce moment de rigueur économique et de suppression des  subventions, ECA a besoin d’adhérents pour consolider ses comptes. Il n’est pas nécessaire, je vous rassure, de devenir aveugle ni même lecteur pour verser une petite cotisation. Si vous acceptez de me faire ce plaisir, vous trouverez des bulletins d’adhésion agrafés à la feuille de présentation.  D’avance merci pour les aveugles et mal voyants.
 
Un grand merci à vous tous ; je suis très ému et très touché par votre présence ce soir.

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