Le dessinateur Bloz, père d’Anaïs, victime de harcèlement : «Tout a commencé au CP»

Dessinateur de la série « Les dinosaures en bande dessinée » et des « Fondus de la moto » (entre autres), Bloz, installé près de Bergues, sera ce vendredi soir à Saint-Jude avec sa fille, Anaïs, pour y présenter leur BD écrite et dessinée à deux mains, « Seule à la récré ». « C’est le livre qu’on aurait aimé avoir à l’époque où on a vécu cela », dit-il.

Les débuts

 « Tout a commencé au CP, se confie Bloz, dans une petite école de village. On est loin des schémas connus sur le harcèlement… On a vu rapidement que ça ne se passait pas bien. Il y avait des vols de goûters, des coups, mais pas tout le temps. Pour nous, ses parents, on a mis ça sur le compte d’histoires de récré, nous n’avons pas pris la mesure de ce qui se passait réellement, d’autant plus que les faits étaient cachés par l’école et la directrice. Je regrette de ne pas avoir été plus vigilant. Quand ma fille nous a tout raconté, on est tombé de haut. »

Privée de récréation

« Quand en CE2, c’est devenu invivable, que notre fille a vécu l’enfer, on a posé des questions à la directrice, aux enseignants, ils avaient toujours réponse à tout. Un jour, nous nous sommes rendus à l’école à l’improviste et on a vu que notre fille était privée de récréation, qu’elle préparait le café pour la directrice, qu’elle vidait les poubelles… On nous disait qu’elle n’arrivait pas à s’intégrer, limite que c’était de sa faute et la directrice ne voulait pas s’impliquer. »

Manque de volonté

« En fin de CE2, nous avons enlevé Anaïs de cette école. On ne voyait pas de solution. Nous l’avons mise dans l’école d’un autre village, à cinq minutes de chez nous, où le directeur était à l’écoute de ces problèmes. On s’est rendu compte que régler le problème ne tient qu’à la volonté d’une personne, le chef d’établissement  : si les parents de la harceleuse avaient été convoqués, si ce boulot-là avait été fait, tout ce serait arrêté. Mais pour faire des choses, il faut le vouloir. »

La BD, un outil pour parler

«  Avec Anaïs, on a eu envie ensemble de cette BD. Une BD pour les enfants et aussi, les parents. En séance de dédicace, certains enfants vident leur sac et se confient. Nous rencontrons aussi des parents qui se disent contents d’avoir un outil pour parler avec leurs enfants. L’autre jour, j’ai même discuté avec un père qui pensait que sa fille était plutôt du côté des harceleurs, et qui a acheté la BD pour échanger avec elle. »

« Qu’on agisse plus tôt et plus vite »

« Il faut que les mentalités changent. Il y a aujourd’hui pas mal d’associations qui se demandent comment réparer l’enfant harcelé, le remettre dans le circuit scolaire. Moi je préférerais qu’on agisse plus tôt et plus vite. Au lieu de mettre des pansements sur l’enfant harcelé, qu’on mette le harceleur devant ses responsabilités, que les chefs d’établissement pensent un peu moins à leur image et plus au bien de l’enfant harcelé. Nous n’avons jamais porté plainte car pendant plus de deux ans, on n’a fait que nous balader. Avec un peu plus de soutien, on aurait été voir les gendarmes ».