Il y a cent ans, « l’as Mahieu » était abattu par les Allemands

Il fut un des pionniers de l’aviation. L’Armentiérois Michel Mahieu, ancien élève de l'Institution, a été abattu par les Allemands dans la nuit du 2 au 3 mai 1918, après être tombé dans les lignes ennemies.

Michel Mahieu vit le jour à Armentières le 1er octobre 1891. Ancien élève de l’institution Saint-Jude, il fit ses études à Paris au centre des hautes études commerciales. Mais Michel Mahieu n’avait qu’une seule passion : l’aviation. Courageux et travailleur, l’Armentiérois bénéficia de la fortune familiale pour assouvir cette passion très coûteuse.

Un planeur avec des toiles de draps…

 En 1907, à peine âgé de 16 ans, il se mit à construire une sorte de planeur constitué de toiles de draps provenant des usines Mahieu et clouées sur des cadres de bois… Il fit ses premiers essais sur cet engin dans la propriété familiale. Malgré des vols qui ne duraient que quelques secondes, jamais il ne se découragea. Il s’était détaché du sol. Il avait volé.

En 1908, avec le concours d’un menuisier d’Armentières, il réalisa un modèle plus perfectionné. Cette fois-ci, les essais se firent à Erquinghem-Lys, dans une pâture. L’engin, attaché à un câble tiré par une automobile roulant à 40 km/h, s’éleva à près de 20 mètres. Le pilote largua alors le câble et plana sur une bonne centaine de mètres. Satisfait des résultats, il acheta alors un planeur, en 1909, sur lequel il obtint, sur le terrain d’aviation de Ronchin, l’un des premiers brevets de pilote, le numéro six.

En 1910, sur un biplan offert par sa mère, il passa du planeur à l’avion. Rapidement, il obtint son brevet de pilote et devint célèbre à l’occasion d’un raid Paris-Bruxelles.

Un record du monde

Le 22 septembre 1911 fut un jour de gloire pour Michel Mahieu. À Issy-les-Moulineaux, sur un biplan, il s’attribua le record du monde d’altitude avec un passager. En 58 minutes, il atteignit la hauteur de 2 460mètres, battant de 160 mètres l’ancien record détenu depuis le 10 août par l’Anglais Olivier de Montalent. Son exploit fut relaté par la presse internationale et sa réputation traversa l’Atlantique.

En 1912, appelé au service militaire, il devint pilote d’essai. Et pendant la guerre, il se distingua dans l’aviation de bombardement. Mais, dans la nuit du 2 au 3 mai 1918, après 174 bombardements, dont 140 de nuit, Michel Mahieu tombait dans les lignes ennemies. L’Armentiérois n’était que blessé, mais il fut achevé d’une balle dans la nuque. Sa mort donna lieu à un communiqué de victoire de la part de l’état-major allemand : «  Aujourd’hui, nous avons descendu l’as Mahieu ».  »

Michel Mahieu était chevalier de la Légion d’honneur, décoré de la Croix de guerre avec six palmes, de l’Ordre du mérite espagnol, et de la médaille de Sainte-Anne de Russie.