Siradiou Bah, un fervent défenseur du partage des savoirs Guinée-France

Armentières va vivre une semaine guinéenne. La médiathèque et le lycée Saint-Jude ont prévu plusieurs animations dont un événement, demain, la venue de Mgr Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry.

Siradiou Bah est l'homme sans qui tout cela n'arriverait sans doute pas ici. Nous avons rencontré ce professeur d'économie, père de l'association Partage des savoirs Guinée-France. "Siradiou Bah a rencontré Vincent Coulibaly, archevêque de Conakry, le 25 juillet, à Labé, au complexe scolaire Saint-André. « Il m'a fait un grand honneur », sourit-il. Le prélat avait fait le déplacement (450 km) pour inaugurer de nouveaux équipements dans cette école catholique qui a récupéré une partie de ses bâtiments après le départ de Sékou Touré, en 1984. L'association fondée par M. Bah, Partage des savoirs Guinée-France, aidée aussi par le Rotary et le conseil régional, a financé, depuis 2005, la création de quatre classes (de la troisième à la terminale) et récemment du matériel informatique (7 000 dollars) et dix toilettes (4 000 dollars). Bien que l'enseignement catholique ne représente que 10 % en Guinée il aide à la scolarisation d'un pays où 40 % des enfants ne vont pas à l'école.

Siradiou Bah est l'artisan qui a su tisser des liens entre son pays d'origine et la France.


FRANCOPHONE

Siradiou Bah s'est engagé s'est engagé dans ce soutien depuis ce jour de 1984 où il est retourné dans son pays après « 15 ans sans pouvoir rentrer chez nous ». Ces « années d'exil » où les Guinéens de la diaspora étaient considérés là-bas comme « apatrides » l'ont marqué au fer rouge. Il a ressenti « un grand choc à voir l'état de délabrement notamment des écoles et des hôpitaux. J'ai eu mal. C'est là qu'est née cette idée, à la mesure de mes moyens, de mes capacités : je ferai tout pour apporter ma contribution au développement de mon pays. » Il trouve une écoute à Saint-Jude où il intègre l'équipe de professeurs en 1983 sous la houlette, d'abord, de M. Bellengier puis de M. Andrieux. Il y recrute la quinzaine de membres actifs de son association et une journée guinéenne voit le jour chaque année en février. Parallèlement aux actions menées en Afrique dans le domaine scolaire mais aussi hospitalier avec l'ACAUPED, le Dr Marzynski et le conseil général, dans la région de Mamou et de Labé, une sensibilisation naît chez les Armentiérois. Ce coin d'Afrique francophone, le premier à s'être émancipé du joug colonial, devient plus proche, au travers des auteurs, de beaux objets, des repas savoureux.

Professeurs, élèves, parents découvrent, pour certains, la culture guinéene. Cet échange, ce partage tient vraiment à coeur à ce Peul qui doit tant à la culture française sans renier ses origines. « J'ai appris le français à l'école, je le dis à mes élèves », souligne M. Bah qui étudia à l'école publique en Guinée dans les années cinquante jusqu'au bac avant de rallier le Sénégal de 1969 à 1974 où il enseigna le français, l'histoire et la géographie tout en étudiant les sciences économiques. « Mon premier professeur d'économie est l'actuel président, Abdoulaye Wade », se souvient-il. Il découvre la fac à Lille I en 1974. Il y passera son doctorat et demeure toujours à Villeneuve-d'Ascq où il s'investit à « Quoi de neuf docteur ? ». À Lille, il s'engage au comité des sans papiers. Avec son épouse guinéenne, ils ont deux enfants et ont adopté une jeune Guinéene. Pour ce musulman, la venue d'un archevêque est aussi « un symbole fort que j'ai voulu donner. » Pour lui l'important est « de respecter les enfants dans ce qu'ils sont, de n'exclure personne ». "